Lors de sa création, le 10 février 1930, la Société Photographique des Administrations Financières (S.P.A.F.) présente la particularité d’être un club d’envergure nationale, voire plus. Les adhérents, en effet, sont des fonctionnaires du Ministère des Finances en fonctions dans l’ensemble des services, où qu’ils se trouvent. C’est ainsi que, outre de nombreux Parisiens, des photographes amateurs exercent leurs fonctions en province et même en Afrique du Nord. En 1932, avec plus de 700 adhérents, c’était la 2ème association photographique après la Société Française de Photographie.
Chaque année, un salon national est organisé, qui regroupe des photos venant donc de lieux très divers. Au niveau local, c’est-à-dire à Paris, la SPAF fonctionne comme un photo club classique avec des liens privilégiés, semble-t-il, avec le photo-club de sa cousine financière et voisine, la Banque de France, notamment par des réunions communes.
La SPAF, par l’un de ses présidents de l’époque Roland BOURIGEAUD,sera active dans la vie de la Fédération française de photo; l’ancienneté de cette action est d’ailleurs attestée par le numéro 53 attribué au club.
Les réunions se déroulent rue de Rivoli dans la salle Boulangère du Louvre, ainsi nommée parce qu’on y faisait le pain à l’époque des rois. LA SPAF se transforme en 1947 en Photo Ciné Club des Finances et ne concerne plus alors que des adhérents de Paris ou de la proche région parisienne.
Tandis que le salon national cesse d’exister, c’est l’époque de la participation aux prestigieuses compétitions de la Fédération avec quelques résultats plus qu’honorables. Il faut dire que, parmi les membres du club, figurent de redoutables, ou plutôt de prestigieux photographes. Je citerai tout d’abord René MENARD dont les photos ont fait le tour du monde, généralement reproduites dans les catalogues et même dans certains livres des années 50 à 60. C’est le cas également de Roger BELLONE, auteur de livres sur la photo ou de Georges TREMEL.
Citons Georges GUILLE DES BUTTES dont la spécialité était la macro et même la micro photographie. Ses photos de cristaux chimiques ont attiré l’attention d’une Italienne qui les lui a achetées pour les utiliser comme motifs sur des tissus que son entreprise fabriquait.
Ce salon, à la différence du précédent, concerne une vingtaine de photo clubs des Finances et est organisé chaque année dans une ville différente, généralement en province.
Jean-Pierre BUFFEIRE hérite de la présidence du club en 1984, et organise en 1988 le transfert du club à Bercy, où 2 laboratoires particulièrement bien équipés sont installés dans le Centre Culturel du nouveau Ministère. Parallèlement, comme cela s’est fait bien souvent ailleurs, le club abandonne la partie « ciné » pour se spécialiser dans la photo.
L’année suivante voit la création de la médaille Hippolyte BAYARD, du nom de ce fonctionnaire des Finances inventeur de la photo sur papier et, surtout, auteur de la 1ère exposition photographique au monde, organisée le 24 juin 1839.
Le club renoue avec les activités de la Fédération momentanément mises en sommeil et, en quelques années, une demi-douzaine de photographes reçoivent le titre d’artiste de la Fédération dans les différentes catégories, puis, pour certains, les titres A.F.I.A.P et E.F.I.A.P.
En 1995, le nouveau Président, Philippe FONTAINE concrétise l’ouverture progressive du club à des non-financiers et, en vertu des nouveaux statuts, le club prend le nom de Photo-Club-Paris-Bercy, P.C.P.B. (à ne pas confondre avec le prestigieux voisin : P.O.P.B.).Le club en profite pour accroître sa participation à la vie de la Fédération, en particulier au sein de l’Union Régionale 18.
La présidence est ensuite confiée successivement à André PILLIARD et à Alain TREMEL (le fils de Georges) avant d’échoir pour la première fois à une femme : Sylvie LOTH (n’oubliez pas que la parité a été votée par nos députés !).
Au bout de 70 ans de vie, le club est toujours alerte avec sa cinquantaine d’adhérents, un sang constamment renouvelé par le jeu des mutations administratives, les jeunes chassant régulièrement les anciens pour prendre la place, oh combien confortable, de président(e) mais surtout pour apporter de nouvelles idées et un dynamisme sans cesse grandissant. La meilleure preuve est la diffusion d’un bulletin mensuel d’informations qui porte depuis quelques années le nom de « Planche-Contact » et dont la parution n’a jamais été interrompue depuis une trentaine d’années malgré la somme d’efforts que représente une telle opération.
Quand, au détour d’un salon, vous verrez des photos venant de Paris-Bercy, vous saurez dorénavant que leurs auteurs sont des gabelous, des sbires du fisc et de satanés percepteurs. Mais rassurez-vous, ils ont une âme d’artiste et l’œuvre que vous voyez est faite, un appareil photographique à la main, pour leur plaisir et le vôtre.
Jean-Pierre BUFFEIRE, 2006.